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Producteurs de musique MAO : comment savoir que votre track est terminée?

Pour savoir si votre track est terminée, Il existe des éléments objectifs et des éléments subjectifs. C’est votre subjectivité qui, très souvent, vous empêche de dire que votre track est finie. Pourquoi ? L’idée est de comprendre ce qui est à l’œuvre et ce qui se joue au cœur de cette appréciation subjective. Sans cela, vous prenez le risque de vous laisser guider et submerger par elle. Vous laissez le champ libre aux résistances, aux peurs et à l’autosabotage. En revanche, si vous prenez conscience de ces mécanismes, vous pouvez en devenir l’observateur. Vous ferez alors des choix qui favoriseront votre évolution et votre réussite. Alors, êtes-vous prêt à reprendre le contrôle sur votre processus créatif ?

Adopter une vision macro


La vision macro est une écoute de votre track dans sa globalité comme un auditeur pourrait le faire.
La vision micro est la vision du perfectionniste. Si elle est maintenue à cette étape du processus créatif, elle va devenir contre-productive. C’est le moment de sortir du rôle de producteur et de se positionner en tant qu’auditeur de votre track.
Pour conserver cette vision macro, pensez à rester focalisé sur des éléments objectifs comme la durée et la forme (structure). Assurez-vous aussi que votre titre est écoutable sur d’autres systèmes.
À titre d’exemple, la durée d’un titre de musiques électroniques est très souvent comprise entre 5min30 et 7min. La forme et la structure sont souvent composées des éléments suivants : intro,build up, break, drop et outro. Je vous conseille par ailleurs d’écouter votre titre sur 3 systèmes différents. Cela peut être votre casque de mixage, vos EarPods et vos speakers d’ordinateur. Est-ce objectivement écoutable sur ces 3 systèmes ? Si oui cela signifie que votre mixage pourra « voyager » et être écouté sur d’autres systèmes par d’autres personnes.

Une fois que vous avez adopté une vision macro et effectué ces vérifications objectives, la plus grande partie du travail est faite. La suite n’est qu’une affaire de choix.


Conseil pour votre mix voyage mieux :

Je vous conseille d’utiliser le plug-in Sonarworks, particulièrement si vous mixez au casque. Ce plug-in permet de donner une réponse linéaire à votre casque et va donc le rendre plus neutre. J’utilise quotidiennement Sonarworks et cela a grandement amélioré la qualité de mes mixs. Longtemps j’ai commis l’erreur de passer des heures à mixer sans entendre correctement ce que je faisais. Puis j’écoutais mon titre dans un autre environnement et c’était très mauvais. Je revenais donc dans mon environnement acoustique pas fiable pour corriger tout ça. Et j’étais bloqué dans un processus interminable qui n’aboutissait jamais à rien…Aujourd’hui je suis sûr que mon titre sera écoutable par quelqu’un d’autre sur un autre système. Je perds également beaucoup moins de temps à mixer puisque chacune de mes modifications est plus pertinente et ne vient pas détruire ce qui fonctionnait déjà. (Note : je n’ai aucun intérêt financier à promouvoir Sonarworks).


Deux mécanismes vous empêchent de terminer vos tracks

Un mécanisme de résistance

Ce mécanisme se déclenche car finaliser votre morceau amènera inévitablement à une appréciation personnelle sur la différence entre l’œuvre fantasmée (l’idée originelle) et l’œuvre effectivement réalisée. Il y aura un gap entre les deux, un écart inévitable. Si cet écart est reconnu comme étant douloureux, vous mettrez en œuvre de manière inconsciente un process pour ne pas vous y confronter.

Un mécanisme primaire de peur

Ce mécanisme primaire de peur c’est la peur de faire écouter, de recevoir du feedback, de ne pas connaître le succès attendu… Aussi étrange que cela puisse paraître cela renvoie à la peur du « rejet du groupe » qui remonte au temps préhistorique. Être rejeté du groupe signifiait potentiellement la mort. Aucun danger de vie ou de mort ici, mais notre cerveau ne fera pas la différence entre cette peur « artistique » et cette peur primaire et ancestrale. Pour lui, elles signifient toutes les deux la présence d’un danger potentiel dont il essayera de nous extraire. Vous mettrez donc en œuvre naturellement des mécanismes qui vous empêcheront de vous retrouver dans cette situation.


Deux options : se laisser submerger ou observer

Une bulle illusoire de protection

La première option est de se laisser submerger par l’ensemble de ces émotions (les peurs, les résistances) qui conduiront inévitablement à l’autosabotage. Dans le cas d’un producteur de musique MAO, cela signifie ne pas finir ses tracks, ne jamais demander de feedback, ne jamais rien sortir, ne pas démarcher de labels. Ainsi vous ne vous confrontez pas à une forme de réalité, la réalité de votre travail, la réalité des réactions extérieures et ce mécanisme vous maintient dans une bulle illusoire de protection. Ce cercle vicieux conduit inéluctablement à une perte de motivation, cause des dégâts importants sur votre potentiel créatif et érode votre confiance en vous.

Dépasser vos propres résistances

La seconde option est de choisir l’observation plutôt que la submersion : vous prenez conscience de ces mécanismes mais vous choisissez de les observer et de continuer d’avancer malgré tout. C’est une forme de traversée. Au bout de cette traversée, il y a l’acceptation de l’œuvre réalisée par rapport à celle fantasmée. Au-delà du feedback, au-delà de la peur de l’échec, il y a quelque chose de fabuleux : le progrès. Le progrès en faisant, en finissant, en partageant, en apprenant de ce cercle vertueux qui n’amènera que du positif. Ce progrès sera grandement bénéfique lorsque vous entreprendrez de commencer une nouvelle track. Vous allez progresser dans chacune des étapes de la production d’un titre, de l’idée initiale à sa finalisation parce que vous aurez fait le choix de dépasser vos propres résistances.

Des critères objectifs aux critères subjectifs, vous avez maintenant votre feuille de route pour finaliser votre track. Pour vous y aider, il est important d’avoir les bons outils et les bonnes pratiques à votre disposition !

« Tout art est un travail en cours. Quel que soit le résultat, nous recevrons des informations utiles qui bénéficieront à la prochaine expérience ».
Rick Rubin

Outils et pratiques pour finaliser ses créations

Méditation Pleine Conscience : 

La pratique de la méditation de pleine conscience aide à porter son attention sur l’instant présent, le “ici et maintenant”, de manière consciente, présente, et sans porter de jugement. L’idée est de ne plus agir de manière automatique. La pleine conscience permet d’examiner les pensées et les émotions sans les combattre, en les acceptant avec bienveillance. Même 5 minutes par jour, par exemple avant de commencer une tâche spécifique (mixage) ou de prendre une décision (ma track est-elle finie ?), permettront de vous positionner en observateur de vos propres émotions et de vos propres mécanismes. Il existe des applications gratuites qui peuvent vous aider à méditer.

Poser une intention

Décidez que votre track est finie. Posez cette intention avant de commencer votre session de travail : au bout de ces 2 heures cette track sera finie. À l’aide de cette intention, rédigez un plan d’action qui va vous permettre de finaliser cette track. Pour vous y aider, vous pouvez répondre à ces deux questions : que reste-t-il à faire pour qu’elle soit finie, comment vais-je faire cela ?

Faites un break

Vous venez de passer 4 ou 5 jours d’affilée à produire une track. Faites un break, oubliez ce morceau, réécoutez-le dans une semaine ou deux et travaillez sur un autre titre. À ce moment-là vous augmentez vos chances d’avoir un regard neuf sur votre travail et de prendre les bonnes décisions.


Programme Pleine Conscience MBSR

J’ai personnellement suivi il y a deux ans un programme de Pleine Conscience de 8 semaines (programme MBSR). C’est un outil très puissant qui favorise la prise de conscience de l’espace du choix entre nos émotions et nos actes.. J’ai appris au fil du temps à matérialiser cet espace, à l’habiter de manière plus durable. Cette pratique, appliquée à mon processus créatif est devenue inconsciente, comme un réflexe. Elle me permet d’identifier les moments où les signes envoyés à mon cerveau ne sont plus les bons, où les émotions prennent le dessus et l’éloigne d’une forme de rationalité. Il est temps à ce moment-là de faire un pas de côté, de faire un break. Je vous encourage à suivre ce type de programme si vous le pouvez.

« On peut apprendre à surfer mais on ne peut pas arrêter les vagues »
John Kabat Zin

En résumé

  • Au moment de finaliser votre track conservez une vision macro comme vous le faites quand vous écoutez le titre d’un autre artiste
  • Ne subissez pas vos mécanismes intérieurs, observez-les et continuez d’avancer
  • Utilisez les outils qui vont vous aider à dépasser vos blocages : méditez, posez une intention, faites une pause
US / FR